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Cueillette de raisins

Quel palissage pour la vigne ?

Conduite sans palissage

La vigne est une plante grimpante ou une liane, ce qui signifie que ses rameaux (dénommés sarments) vont naturellement chercher à s’accrocher au moyen de vrilles à un support permettant d’orienter et de favoriser sa croissance. La viticulture s’appuie sur cette propriété de la plante en lui fournissant un support qui répondra au mieux au mode de développement recherché. C’est ce qu’on nomme le palissage (dérivé du latin palus qui signifie pieu). Cette pratique permet d’augmenter la surface foliaire exposée au soleil, de favoriser l’exposition et l’aération du raisin, et d’éviter l’entassement de la vigne. D’une incidence considérable sur le rendement du vignoble, la qualité de la production et le mode d’exploitation, il constitue l’un des aspects essentiels du travail de la vigne. Le mode de palissage choisi dépendra d’une série de facteurs, du cépage au terroir en passant par le mode de culture - manuelle ou mécanique - pour lequel opte le vigneron. On peut distinguer entre quatre grands types de palissage : la conduite sans palissage, la culture sur échalas, le palissage sur fil de fer - de loin le plus courant - et la culture en hautains.

La culture sans palissage

​Il est possible de laisser la vigne croître sans la palisser à condition de pratiquer la taille en gobelets. Celle-ci consiste à laisser pousser deux à cinq bras à partir du pied de la vigne de façon à ce que ceux-ci forment une ramure en trois dimensions évoquant la structure d’un candélabre ou d’un gobelet. Ce mode de culture est plus fréquemment rencontré sur des cépages à port érigé - ou port droit - comme le grenache ou le mourvèdre mais est aussi occasionnellement rencontré sur des cépages à port retombant.  Ce type de culture se rencontre essentiellement sous les climats méditerranéens car il offre l’avantage de protéger les grappes du soleil par sa végétation

 retombante. Pour les cépages à ports retombants (exemple le Syrah), la culture sans palissage limite nécessairement la hauteur du pied de vigne, lequel doit s’appuyer sur un tuteur ou échalas pour pouvoir grimper plus haut.

La conduite de la vigne sur échalas

On désigne par le nom d’échalas un piquet de bois pouvant mesurer jusqu’à deux mètres cinquante de hauteur et servant de support individuel à un pied de vigne. La culture sur échalas, très répandue par le passé, est aujourd’hui largement supplantée par le palissage sur fils métalliques. Elle présente toutefois des avantages qui en font encore aujourd’hui la culture de référence dans certaines appellations françaises (Côte rôtie et Condrieu en sont les plus fameuses) et qui conduisent à un regain d’intérêt de la part d’une nouvelle génération de viticulteurs.

Culture sur échalas

La conduite sur échalas reste aujourd’hui traditionnelle sur des coteaux caractérisés par une forte déclivité et une grande exposition au vent. La présence d’un tuteur individuel garantit en effet une résistance optimale au vent et permet d’éviter la brisure des sarments. Sur certaines parcelles particulièrement venteuses, il arrive même que deux échalas soient liés entre eux pour accroître encore cette résistance. Les pieds tutorés sur échalas sont généralement taillés en gobelets de façon à permettre une répartition des raisins sur le pourtour du cep qui favorise au maximum l’exposition à l’air et au soleil.

 

L’entretien des pieds de vignes sur échalas est entièrement manuel et donc coûteux en main d'œuvre. Ce mode de conduite connaît toutefois un regain d’intérêt auprès de vignerons engagés en faveur d’un retour à des méthodes traditionnelles plus respectueuses de l’environnement et de la santé des consommateurs (vins biologiques, biodynamiques et naturels). Il présente en outre des avantages particuliers qui mènent de plus en plus de producteurs à s’y intéresser dans le cadre du réchauffement climatique. En effet, le feuillage plus important apporte de l’ombre aux raisins et permet donc de réduire les besoins de la plante en eau. 

 

Le choix du piquet (Quel piquet pour quel usage?) est crucial dans le cadre de la culture sur échalas dont il représente un investissement particulièrement important : de tous les bois européens, l’acacia est le seul naturellement imputrescible, ce qui lui confère une durée de vie quatre fois plus longue que celle du chêne et trois fois plus longue que celle du châtaignier. Il convient donc lors de l’achat de prendre en compte sa durabilité unique qui peut seule être comparée à des bois exotiques comme l’iroko ou l’ipé et garantit un amortissement qui excède régulièrement une trentaine d’années.

 

Le palissage sur fil de fer

La très grande majorité des vignes sont aujourd’hui palissées sur des fils de fer (ou plus exactement d’acier galvanisé) tendus entre des piquets disposés à intervalles réguliers entre les ceps. Ce mode de conduite présente trois grands avantages :

-  il permet un alignement précis des rangs qui favorise le passage des machines et diminue le risque de blessure des pieds de vigne,

- il rationalise des interventions coûteuses en main d’œuvre tels que le relevage en permettant d’agir sur une rangée entière plutôt que sur un seul cep à la fois, 

- enfin il représente une économie

Palissage en rangs

substantielle par rapport à la culture en échalas en diminuant le nombre de pieux nécessaires au palissage.

Ces atouts indéniables expliquent pourquoi la culture de la vigne en rangs et le palissage sur fils de fer sont devenus la norme en matière de viticulture, en France comme ailleurs dans le monde. Cette uniformisation du vignoble a en outre été grandement favorisée par la crise du phylloxera qui imposa l’arrachage et le remplacement massif du vignoble français entre les années 1870 et 1900 ainsi que par l’utilisation du tracteur dans la viticulture qui se généralisa tout au long du XXe siècle.

​Ce type de palissage impose le recours à trois types de piquets distincts :

  • Les tuteurs ou marquants : installés au même moment que les nouveaux plants de vigne, ils servent à garantir l’alignement des jeunes pieds, guider leur croissance et les protéger lors du passage des machines. Ils sont ôtés lorsque la vigne a atteint une résistance suffisante.

  • Les piquets de rang : plantés le long de la rangée à intervalles réguliers, les piquets de rang servent à soutenir les fils releveurs et les fils porteurs qui supportent le poids des fruits. Ils sont généralement disposés tous les quatre ou cinq pieds de vigne ou à des intervalles de cinq mètres.

  • Les piquets de tête : situés de part et d’autre du rang, les piquets de tête servent à la fixation et à la tension des fils de palissage, il est donc essentiel qu’ils soient constitués d’un matériau très résistant et solidement amarrés au sol. On leur donne une inclinaison de vingt à trente degrés.

 

Le choix du piquet (Quel piquet pour quel usage?) se fera donc ici selon sa fonction dans le dispositif de palissage et devra tenir compte d’une série de facteurs liés au sol, au climat, aux spécificités de la parcelle (Quelques facteurs à prendre en compte) ainsi qu’aux préférences du vigneron.

La culture en hautains

Décrite par des auteurs comme Columelle ou Pline l’Ancien, la culture de la vigne en hautains était courante dans l’Antiquité bien qu’elle soit devenue marginale aujourd’hui. Elle consiste à faire usage pour chaque pied de vigne d’un tuteur vivant en l’attachant à un arbre. Ses sarments grimperont naturellement le long du tronc pour aller chercher la lumière. Il s’agit d’un mode de culture associée qui permettait de valoriser au mieux une parcelle culturale. De nombreuses espèces d’arbres peuvent servir de tuteurs, tels que l’orme, le chêne, le saule ou l’olivier. Les vendanges, qui s’effectuent dès lors en hauteur, ne sont pas toujours sans danger, ainsi que l’atteste Pline dans son Histoire naturelle : en Campanie, où la vigne était mariée au peuplier, le vendangeur négociait à l’avance avec le propriétaire le prix de sa prestation… ainsi que de son tombeau en cas d’accident ! 

La culture en hautains est toujours pratiquée aujourd’hui dans certaines régions viticoles d’Europe, particulièrement la vallée du Douro ou les cépages qui produisent le vinho verde sont traditionnellement conduits le long de treilles de chêne, de cerisiers de platane ou d’olivier. Le changement climatique pousse également un nombre de plus en plus grand de viticulteurs à s’intéresser à ce mode de palissage ancestral. Le feuillage des arbres apporte en effet de l’ombre tandis que ses racines permettent de retenir l’eau dans les sols et de restaurer leur structure lorsque celle-ci a été détériorée. Notons encore que jusqu’au XIX siècle

culture en hautains

 et l’introduction de la monoculture viticole intensive, le compagnonnage de l’arbre et de la vigne constituait la norme sur les parcelles viticoles, quand bien même cette dernière n’était pas menée en hautains.

Quelle influence a le cépage sur le palissage ?

 

La grande majorité des cépages pourront s’adapter à divers modes de conduite, mais les caractéristiques propres de certains cépages guideront le vigneron, outre des raisons liées au terroir, au climat, à la tradition ou au mode d’exploitation, vers un choix de palissage plutôt qu’un autre.

 

La culture sans palissage se révèle particulièrement adaptée à des cépages au port érigé puisque la vigne devra ici se passer de support pour croître. On optera donc pour des cépages comme le grenache, le mourvèdre, le picpoul ou la clairette dont le bois dur garantira le maintien. Certaines appellations, (comme Châteauneuf-du-Pape par exemple), rendent obligatoire la taille en gobelet, ce qui portera naturellement les vignerons vers ce type de culture pour des cépages à port érigé, comme le grenache qui domine sur cette appellation. Exceptionnellement, des cépages à port retombant pourront être cultivés sans palissage sous des climats extrêmement secs (autrement l’humidité de la terre gâcherait certainement la production).

 

La culture sur échalas répond à la fois à des impératifs liés au terrain (pente importante), au type de sol (caillouteux), au climat (sec et/ou venteux) et au cépage. Ainsi, les appellations rhodaniennes d’Hermitage, Côte Rôtie et Saint Joseph cultivent essentiellement de la syrah, ce grand cépage ayant pour particularité d’avoir un port retombant. La taille en gobelet ne pourrait donc se passer ici de l’échalas, auquel seront fixés les sarments. Il en va de même à Condrieu où l’on cultive exclusivement du viognier, un cépage blanc également doté d’un port retombant.

 

La culture en rangs sur fils métalliques s’impose comme le mode de conduite par défaut, tant pour des raisons économiques que de rationalité opérationnelle. Il convient à tous les cépages mais le port du cépage choisi aura une influence sur le nombre et la hauteur des fils porteurs et releveurs.


La culture en hautains semble se révéler adaptée à un grand nombre de cépages, en gardant à l’esprit qu’elle a pour effet de favoriser l’éloignement des grappes du sol, ainsi que l’ombrage et l’aération. Au Portugal, les vinhos verdes conduits en hautains exploitent des cépages locaux comme l’alvarinho ou le loureiro ; en Toscane, on produit de cette façon du sangiovese ; les jurançons produits dans le Béarn sont élaborés à base de petit et gros manseng, de courbu blanc, de camaralet et de lauzet ; au Pays basque, enfin, ce mode de culture est utilisé pour le cabernet franc et sauvignon, le courbu et le petit verdot

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